Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont révolutionné le mode vie moderne, le commerce international, la gouvernance mondiale, la communication, les loisirs, les transports et l’éducation. Cette situation a été occasionnée par des volumes de production et d’utilisation sans précédent des produits électroniques de consommation, en particulier les ordinateurs personnels, les téléphones mobiles et les téléviseurs. L’accès aux TIC a été identifié comme un indicateur de développement économique et social d’un pays.
Lors du Sommet mondial sur la société de l’information tenu à Tunis en novembre 2005, les délégués de 174 pays, dont 50 africains, avaient convenu du fait que les TIC pouvaient soutenir le développement économique, social et culturel, et réaffirmé que « chacun peut bénéficier des opportunités pouvant être offertes par les TIC », en rappelant que « les gouvernements, ainsi que le secteur privé, la société civile, les Nations unies et les autres organisations internationales devraient œuvrer ensemble à l’amélioration de l’accès aux infrastructures et aux technologies de l’information et de la communication[…] ».
L’Afrique a subi une transformation rapide en matière de TIC ces dernières années, dans sa tentative de combler le « fossé numérique » par l’importation d’ordinateurs, de téléphones mobiles et de téléviseurs usagés et d’occasion des pays développés. Ces transformations ont été soutenues par des changements radicaux dans ce secteur, par exemple la privatisation des principales entreprises publiques, une floraison des investissements dans les réseaux de téléphonie mobile, l’arrivée de nouveaux opérateurs privés et le développement de nouvelles technologies particulièrement adaptées à l’environnement africain. Le Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Dr Hamadoun Touré, est convaincu que l’accès à la technologie haut débit est la clé de l’avancement du continent.
A cause de l’expansion des TIC en Afrique, la consommation d’équipements électriques et électroniques connaît une croissance rapide dans tout le continent africain. Cette rapide évolution a occasionné l’accroissement des déchets électroniques. Ces derniers et les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE)4 sont les équipements hors d’usage destinés au démantèlement et à la récupération des pièces détachées, à la récupération et au recyclage des matériaux ou à l’élimination finale. Ils comportent également les équipements neufs non conformes aux normes, expédiés pour la récupération et le recyclage des matériaux ou pour l’élimination finale.
Les importants volumes de déchets électroniques, combinés à l’absence de systèmes de gestion écologiquement rationnelle de cette filière de déchets spécifiques, produisent des impacts multiples sur l’environnement, les communautés locales et le tissu économique. Alors que dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, les EEE vétustes subissent une certaine forme de recyclage de base, plusieurs autres parties des déchets électroniques ne peuvent être gérés convenablement, ce qui a occasionné l’accumulation d’importants volumes de déchets dangereux à l’intérieur et autour des principaux centres de remise en état. En outre, certaines pratiques de recyclage, par exemple l’incinération à ciel ouvert des câbles et des pièces en plastique, peut provoquer de graves rejets de polluants, par exemple les métaux lourds et les dioxines.
Les équipements électriques et électroniques contiennent toute une gamme de métaux précieux comme le palladium, l’or, l’argent et le germanium, qui sont perdus si ces matériaux ne sont pas récupérés à un stade précoce du traitement des déchets. Les pratiques de recyclage actuelles sont principalement orientées vers la récupération de l’acier, de l’aluminium et du cuivre et sont inefficaces pour les autres métaux. Sur le plan mondial, cette perte de matériaux rares doit être compensée par l’intensification des activités minières qui, à leur tour, produisent de graves impacts sur la durabilité dans les zones d’exploitation minière du monde.
Gérés de façon écologiquement rationnelle, les déchets électroniques contribuent également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en plus des effets positifs sur la gestion des ressources. La production primaire, en l’occurrence l’exploitation minière, la concentration, la fonderie et le raffinage, notamment des métaux précieux et rares, est une activité à intensité d’énergie, qui revêt un impact considérable en matière de changement climatique, à cause des importantes émissions de dioxyde de carbone (CO2). Menée de façon écologiquement rationnelle, l’« exploitation minière » de nos vieux ordinateurs pour en récupérer les métaux ne nécessite qu’une petite quantité d’énergie (Hagelüken & Meskers 2008). En outre, la gestion écologiquement rationnelle des réfrigérateurs, des climatiseurs et autres équipements en fin de vie contribue significativement à la réduction des impacts des changements climatiques, puisque les substances appauvrissant la couche d’ozone contenues dans ces appareils, par exemple les CFC et les HCFC, présentent un important potentiel de réchauffement climatique.
Hormis la consommation intérieure, le problème des déchets électroniques est exacerbé par un flux continu d’équipements électriques et électroniques usagés et vétustes en provenance des pays industrialisés et à destination des pays d’Afrique de l’Ouest. Bien que la majorité de ces équipements soient destinées à la réutilisation après leur essai et leur réparation, une importante quantité s’avère inapte à la réutilisation et finit par accroître la production locale de déchets électroniques.
Enfin, la collecte, la remise en état et le recyclage de tous les types d’équipement électrique et électronique sont devenus une importante activité économique qui assure des recettes à des milliers de petites entreprises semi-informelles situées dans les zones urbaines d’Afrique de l’Ouest. Vu le taux de chômage élevé, il est clair que toute réforme du secteur nécessite l’étude de ses impacts sur les plans environnemental, économique et social.

ISF
Afrique

commenter